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Kétamine dans la dépression : le « modèle de Montréal » offre un soulagement plus durable

Une étude dirigée par l’Université 51³Ô¹ÏÍøpourrait redéfinir l’utilisation de ce traitement novateur dans les hôpitaux et les cliniques
±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 18 June 2025

Un essai clinique inédit a montré que les bienfaits de la kétamine dans la dépression sévère pouvaient être bonifiés par l’adjonction d’une psychothérapie et d’un cadre de traitement favorable.

Dirigé par une équipe de recherche de l’Université McGill, l’essai donne à penser que cette approche peut se traduire par des expériences thérapeutiques favorables amenant un soulagement plus durable que le traitement usuel.

a réuni des sujets souffrant de dépression chronique réfractaire au traitement en proie, pour la plupart, à des idées suicidaires et à d’autres problèmes de santé mentale.

À la fin de l’intervention de quatre semaines, les scores de dépression avaient chuté d’environ 30 % en moyenne, et les idées suicidaires ainsi que l’anxiété s’étaient atténuées de manière significative. Cette amélioration s’est maintenue pendant au moins huit semaines, alors que les effets bénéfiques des traitements habituels à l’aide de kétamine tendent à s’estomper en quelques jours.

« La kétamine serait, a-t-on dit, l’innovation la plus prometteuse des dernières décennies dans le traitement de la dépression, mais des questions de première importance sur son mode d’action demeurent », déclare le Dr Kyle Greenway, auteur principal, professeur adjoint à la Division de psychiatrie sociale et transculturelle de l’Université 51³Ô¹ÏÍøet chercheur à l’Institut Lady-Davis de recherches médicales.

³¢â€™e²õ²õ²¹¾± a été codirigé par le Dr Nicolas Garel, professeur adjoint à l’Université de Montréal et psychiatre au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, qui ajoute : « À l’heure où les cliniques de kétamine poussent un peu partout au Canada, dans les hôpitaux comme au privé, il est urgent de normaliser davantage les modèles de traitement. »

Effet indésirable ou bienfaisant?

La kétamine, anesthésique de plus en plus utilisé pour ses propriétés antidépressives d’action rapide, peut avoir de nombreux effets psychologiques, notamment : altération des perceptions, difficulté à se situer dans le temps et impression de séparation du corps et de l’esprit. Dans l’essai qui nous intéresse, les sujets qui ont qualifié leurs séances de particulièrement émotionnelles ou mystiques sont ceux dont l’état s’est le plus amélioré.

Souvent considérées comme de simples effets indésirables, ces manifestations pourraient en réalité faire partie intégrante du processus de guérison, avancent les chercheurs.

« On se demande depuis longtemps s’il existe un lien entre les effets insolites et l’efficacité de la kétamine, un peu comme dans le cas des psychédéliques "classiques" telle la psilocybine, explique le Dr Greenway. Dans notre essai, nous établissons pour la première fois un lien solide entre certains aspects des manifestations liées à la kétamine et les bienfaits de cette substance dans la dépression sévère. »

Le ressenti du patient d’abord

Dans le cadre de l’essai à répartition aléatoire, 32 adultes ont reçu des perfusions de kétamine dans des pièces sous éclairage tamisé agrémentées de plantes; à ce cadre de traitement se sont ajoutées de la musique choisie dans un groupe et de la méditation de pleine conscience guidée dans l’autre. Les sujets ont également eu droit à des séances hebdomadaires de psychothérapie.

« Nous savons que le ressenti d’une personne dans une pièce peut façonner sa réponse au traitement, fait observer le Dr Greenway. La plupart de nos patients fréquentent les milieux cliniques depuis des années. L’efficacité de notre démarche pourrait reposer en partie sur la mise en place d’un cadre dans lequel les sujets pouvaient se laisser aller en toute aisance à une exploration psychologique pendant leur traitement par la kétamine. »

La clinique de kétamine de Montréal de l'Hôpital général juif est décorée d'un éclairage doux et de verdure pour le confort des patients.

Le « modèle de Montréal »

La démarche thérapeutique utilisée dans l’étude – le « modèle de Montréal » – a été élaborée par les Drs Greenway et Garel au cours de leur résidence en psychiatrie à l’Université McGill, sous la direction du Dr Stéphane Richard-Devantoy et d’un vaste réseau de collaborateurs. Aujourd’hui, les Drs Greenway et Garel dirigent des programmes de traitement par la kétamine dans des hôpitaux universitaires de Montréal.

Le modèle de Montréal conjugue psychiatrie classique et stratégies mises au point pour les traitements psychédéliques. On l’emploie de plus en plus dans des services de santé privés et publics, au Canada et à l’étranger.

« Notre étude montre non seulement que notre démarche apporte un soulagement plus durable, mais aussi qu’elle peut être mise en œuvre en toute innocuité et se révéler efficace dans les réseaux de santé publics, qui ne disposent que de maigres ressources pour traiter des cas beaucoup plus complexes que ceux que l’on voit généralement dans les essais cliniques, affirme le Dr Greenway. Cette méthode pourrait amener un peu d’ordre et de structure dans une arène où règne actuellement une certaine anarchie. »

Récemment, l’équipe de recherche a accueilli 80 professionnels et professionnelles de la santé du monde entier à l’Hôpital général juif de l’Université 51³Ô¹ÏÍøpour la toute première séance de formation sur le traitement par la kétamine suivant le modèle de Montréal.

³¢â€™Ã©t³Ü»å±ð

L’article « », par Kyle Greenway, Nicolas Garel, Stéphane Richard-Devantoy et coll., a été publié dans le British Journal of Psychiatry.

³¢â€™Ã©t³Ü»å±ð a été financée par le Réseau québécois sur le suicide, les troubles de l’humeur et les troubles associés, et soutenue par la Fondation de l’Hôpital général juif.

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